
Les accompagnements individuels : accompagner autrement
L’accompagnement individuel est vraiment au cœur de l’humain et centré sur la personne aidante. Ce soutien répond le plus souvent à un besoin à court terme ; une escale permettant d’apporter une aide concrète aux personnes en situation d’aidant(e) à un moment donné.
Cet accompagnement est une parenthèse vivifiante et ressourçante, un espace sécurisant (confidentiel, bienveillant, ouvert) qui place l’aidant(e) au centre de l’attention : un moment unique où il se sent écouté, entendu.
Cette approche bienveillante permet à la personne aidante à reprendre confiance, à voir la situation et les circonstances autrement, à entrevoir de nouvelles perspectives. Elle se rend compte qu'elle n'est pas la seule à faire face à des difficultés, que c’est « humain » et normal de ressentir de la culpabilité, de la colère ou bien de la honte. C’est permettre à chacun(e) de devenir plus autonome dans sa relation d’aide à soi-même, parce que quand on est aidant(e), le temps fait défaut.
L’Accompagnement individuel permet à la personne aidante :
Repérer
Les signes de l’épuisement physique et psychique (irritabilité, fatigue chronique, impatience, anxiété, retrait, etc).
Comprendre
Ses propres besoins, y porter attention, et les accorder à la réalité de la situation - l’aider à faire le tri entre ce qui est acceptable pour lui et ce qui ne l’est pas.
Aider
A réoxygéner sa confiance en soi et retrouver son « identité », parce que quand on est aidant on « s’efface » et on finit par se fondre dans la réalité de la personne aidée : comprendre qu’il est indispensable que chacun trouve sa place, sans se laisser embarquer dans la réalité de l’autre.
Prendre conscience
De son état physique, mental, émotionnel. Conscientiser ce qu’il vit en tant qu’aidant, au quotidien, lui permet de comprendre son mode de fonctionnement (comportement, attitudes, mécanismes) vis-à-vis de lui-même et de la personne aidée.
Améliorer
Sa communication et sa relation avec la personne aidée : maintenir une communication authentique et bienveillante avec la personne que l'on aime et qui souffre, aide énormément et débouche souvent sur de véritables trésors.
Libérer
La charge émotionnelle : vider le « trop plein » émotionnel préjudiciable à la santé physique et psychique de l’aidant.
Retrouver
De la vitalité, du dynamisme et de la motivation même si le quotidien est pesant.
S’autoriser des moments à soi
Reconnaitre ses limites et prévoir des espaces « temps » même minimes pour se ressourcer.
Développer sa résilience
Et accroitre ses capacités pour surmonter les moments douloureux de l'existence, à apprendre à « vivre avec » et à rebondir en changeant de perspective. Savoir faire face aux tensions, aux situations de crise, aux conflits.
Apprendre la distanciation
« Ce qui m’appartient et ce qui ne m’appartient pas ».
Gérer
Son monologue intérieur : alléger la charge mentale (soucis, tracas, ruminations, jugements, culpabilité...) et
"court-circuiter" les pensées négatives.
S'ouvrir
C’est un tremplin pour sortir de l’isolement et reprendre contact avec le monde extérieur.
Quelle différence avec les groupes de parole ?
Les groupes de parole (café des aidants, ateliers collectifs, etc.) ne conviennent pas forcément à toutes les personnes pour un premier contact.
Certaines parce qu’elles n’osent pas s’exprimer en public (par pudeur, timidité, peur du regard de l’autre, etc.). D’autres par manque de temps pour se déplacer (d’où l’intérêt de l’intervention à domicile).
En « individuel », l’aidant se livre plus facilement : Il s’autorise à dire et à se dire sans peur du jugement ou du regard des autres.
L’accompagnement individuel n’a pas vocation à remplacer ou à se substituer aux spécialistes et autres structures (notamment de soins ou acteurs du soutien psychologique). Bien au contraire, ces accompagnements individuels peuvent être un relai pour amener les aidants vers des dispositifs ou structures adaptés.

Dans quelles situations le proche aidant a besoin d’un accompagnement individuel ?
Quelques exemples :
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Il n’arrive pas à identifier ses propres besoins.
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Il a le sentiment d’être seul dans sa tâche, il n’a pas le temps de se reposer et ressent du découragement face à l’ampleur de la tâche...il se sent démuni !
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Il ressent un grand sentiment d’impuissance et se sent coupable de ne pas en faire assez.
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Il ne sait pas qui peut l’aider et même si quelqu’un peut l’aider « à tenir ».
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Il redoute le jugement des autres ou ne veut/n’ose pas parler de son histoire (par pudeur, culpabilité, honte ou timidité).
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Il est épuisé physiquement et mentalement...Il est au « au bout du rouleau ».
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Son mental « tourne en boucle ». Les idées et pensées négatives se mettent à fuser dans tous les sens, entretenant un état d’esprit négatif et pessimiste.
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Il ne sait pas comment s’adresser à la personne qu’il soutient et ne sait plus ce qu’il doit accepter.
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Il ne se reconnait pas comme aidant.
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Il n’ose pas sortir et se confronter au monde extérieur.
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Il souffre d'insomnie : endormissement demandant parfois plusieurs heures, le cerveau ne « débranche » pas.
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Il a des comportements addictifs : boulimie, perte d’appétit, addiction...
Et aussi, la VIOLENCE de la personne aidée : un autre sujet tabou et pourtant bien réel, les changements comportementaux de la personne accompagnée.
La maladie grave induit une série de deuils successifs pour celui qui en souffre : il perd de son intégrité physique, éventuellement son travail, sa fonction au sein de la famille se voit altérée, il perd de son autonomie.
Cette blessure narcissique est très éprouvante à vivre pour lui et son caractère peut changer du tout au tout : aggravation de l’humeur, changement d’attitude (on ne reconnait plus la personne, on ne la comprend plus), colère, méchanceté, violence verbale ou physique, et aussi indifférence ou rejet.
Tous ces comportements affectent et fragilisent encore plus l’aidant ; ils accentuent la culpabilité et détruisent la confiance en « soi » des aidants.
Pour certains c’est un véritable enfer dont ils n’osent pas parler...soit par honte, ou en pensant que cette attitude va passer et que l’aidé va se reprendre.
D’autres se mettent en position de soumission. Ils en viennent à se convaincre qu’il est « normal et légitime » que l’aidé déverse sa colère sur eux : après tout ils sont là pour ça...c’est leur DEVOIR !
Les aidants agissent quelquefois comme si cette violence de la part de leur conjoint était une fatalité, voire une punition : « après tout, peut-être que je le mérite », « Ce n’est pas de sa faute, il/elle est malade », « je ne vais pas me plaindre de recevoir des coups, c'est un moindre mal par rapport à ce qu'il/elle subit» , « il ne sait pas ce qu’il fait », « ce n'est pas moi qui suis malade, je réagirais sûrement comme lui ».
L’aidant accepte souvent l’inacceptable.
L’aidant souffre encore plus et s’isole, il se coupe du monde : la personne accompagnée a fait le vide autour d’elle.
L’accompagnement individuel permet à l’aidant de s’ouvrir plus facilement et s’autorise à exprimer et dire ce qu’il vit vraiment, il ose briser le silence dans lequel il s’est enfermé et ose avouer ce qu’il subit au quotidien...Cette violence qu’il supporte affecte considérablement sa santé physique et psychologique.
